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Le choix d'être homosexuel

Le 30/09/2016

Dans Donner du sens à la vie

Voilà ce qui s’appelle un titre choc ! Bon nombre d’ouvrages scientifiques, sociologiques et

pseudo-psychologiques s’accordent, se disputent une réalité, se contredisent les uns les autres

pour donner LEUR vérité, cette vérité brulante qui est de savoir si l’homosexualité est innée ou

bien acquise.

 

L’homosexualité n’est pas un choix. Certes, on choisit de vivre son homosexualité ; on choisit donc de l’assumer ; on choisit de l’assumer en la cachant ; on choisit de l’assumer en la montrant, parfois sans vergogne (Gay Pride et autres séances d’exhibitionnisme) ; on choisit de ne pas révéler son homosexualité en mentant (souvent à soi-même en premier lieu) et donc en se conformant à un modèle universel et sans doute un peu facile : celui du célibataire endurci – genre curé ou « vieux garçon » – ou celui du bon mari un peu distant dans sa vie de couple souvent amère, se cachant pour mieux dissimuler ses discussions nocturnes et viriles sur des sites de rencontres à caractères davantage phantasmatiques que réalistes.

Mais qui suis-je, moi, dans tout cela ? La Rochefoucauld (1613-1680) a dit « Il y a des gens qui n’auraient jamais été amoureux s’ils n’avaient pas entendu parler de l’amour. » La sexualité étant l’une des nombreuses expressions de l’amour, aurais-je été homosexuel si je n’avais pas entendu parler de l’homosexualité ? Je ne pense pas… A l’âge de 6 ans, j’ai découvert que je pouvais rêver d’être une fille, une fille amoureuse d’un garçon. Ce rêve m’a autorisé à aimer les garçons donc. Je l’avoue volontiers, le cheminement intellectuel de ce raisonnement est quelque peu simpliste, mais Dieu sait qu’il est confortable, surtout à cet âge-là. Pas besoin de se poser de question ; il suffit de vivre, d’aimer, de ne plus aimer, d’avancer à notre propre rythme sans justification aucune.

Oui, mais voilà ! Nous vivons dans une société qui refuse catégoriquement la simplicité tout en revendiquant très haut le simplisme des droits de chacun. Je veux dire par là que j’ai le droit d’être homosexuel, tandis que la société s’est donné le droit, historiquement, de me combattre, de m’insulter, de m’humilier, pire ! de me nier (notamment à travers certains droits longtemps refusés tel que l’union civile ou « mariage » comme nous dirons ici par facilité). Mariage pour tous, Manif’ pour tous… Au nom de tous, on choisit de revendiquer le droit de régir la vie de chacun, l’intimité des couples, le tout en jugeant ce qui est bon, ce qui est mal, parfois au nom de Dieu, souvent au nom de la notion de famille, comme s’il s’agissait de la Sainte Famille. On crée des utopies, des chimères, on se complet dans une pseudo-tolérance souvent nauséabonde ou factice. A bout d’arguments, on en vient à la caricature, à l’insulte, au blasphème ! Et pourquoi pas le mariage entre un homme et un animal domestique ? Pourquoi ne pas permettre l’inceste tant qu’on y est ? Tout cela s’est entendu, a fait rire ou hurler, a rouvert des blessures cachées… l’article de loi du 17 mai 2013 a mis fin, du moins je l’espère, à ces déballages d’immondices.

Petite anecdote croustillante voire savoureuse (l’ironie ne mange pas de pain !) : Je suis bibliothécaire. J’accueille donc des classes des écoles de la commune et je suis à disposition pour permettre aux écoliers d’emprunter des livres et repartir avec. Au passage, je lis un ou deux albums jeunesse afin de les distraire un peu avant de repartir en classe promptement. Un jour, j’apprends par une discussion avec une collègue secrétaire de mairie, nous dirons « un bruit de couloir », qu’une élue, en bureau municipal, c'est-à-dire devant le Maire et tous les adjoints et conseillers municipaux, s’était étonnée que l’on m’ait recruté, en disant : « Tout de même ! Il va travailler avec des enfants ! ». Pédé, pédophile… le lien si fin, le raccourci si facile venait d’être prononcé de la bouche même d’une élue de la République. Pas de bol, ça tombait sur moi ! Quitte à choisir d’être ce que je suis, j’avais décidé, ce jour-là, de me taire…et d’être donc un muet, ce même muet qui enfant acceptait de se faire chaque jour traiter de tapette, pédale, fiotte, le regard baissé ou le sourire franchement niais afin de garder la face.

Quoi de mieux, après cela, que de se remémorer la maxime de Chamfort (1740-1794) : « Monsieur de Lassay, homme très doux, mais qui avait une très grande connaissance de la société, disait qu’il faudrait avaler un crapaud tous les matins, pour ne plus rien trouver de dégoûtant le reste de la journée, quand on devait la passer dans le monde. » A suivre…

Jean-Yves

 

Amour de soi